On officie dans le secret pour la paix que le peuple excédé réclame. On discute, louvoie, négocie, cède et concède. Le sang de dizaines de victimes sèche sur l’autel de la Raison d’État. Sous les lambris de la République s’étouffe la clameur de tous les citoyens meurtris. Ainsi soit la volonté des hommes unis par le commun vouloir de vivre ensemble !
On en oublie que pour l’escalade du mont démocratique, le harnais est accroché à l’ordre républicain. Ses règles doivent être gravées sur les tablettes de la conscience collective. Au-delà de la dissuasion de la force publique et des équilibres précaires dont nos guides politiques religieux sont des orfèvres, il nous faut condamner. Car nous ne bâtirons durablement que dans la vérité.
Rien, ni personne, ne saurait justifier que l’on amnistie d’odieux crimes sans les avoir jugés. La vertu pédagogique et salutaire du pardon trouve aussi son sens dans le repentir du condamné.
Les suspects sont désignés : ceux-là qui ont tué ; brulé vif des hommes dans des bus ; saccagé des universités ; recruté des nervis ; embastillé des innocents sans jugement ; menti au juge constitutionnel ; trahi leurs électeurs ; sacrifié des forces de sécurité républicaines, prie des libertés avec la constitution. Qu’ils se reconnaissent, ces hommes et femmes qui ont foulé à nos pieds l’ordre républicain.
C’est maintenant le temps des bonnes volontés, des apprentis sorciers et des véritables escrocs qui prêchent l’oubli et le pardon intégral. A leurs yeux, Il suffirait, pour sauver La République, de nous rappeler les joyaux de notre histoire : notre sens de la concertation, notre cohésion et notre art de vivre pluriséculaires. Ainsi, on devrait, unanimes et sans réserve, emprunter le chemin du dialogue et de la paix, à tout prix ; à n’importe quel prix !
Ils peuvent se tromper de bonne foi. Mais, à la vérité, s’il est envisageable de déroger à la règle de droit au nom de l’intérêt commun mais il est bien impossible d’obtenir une paix qui ne soit précaire en faisant fi de la justice. Qui a donc l’autorité pour arrêter ces acteurs quand ceux qui ont déjà eu la garde de la loi fondamentale s’accordent avec eux ?
Il ne reste plus que les « derniers des mohicans » pour sauvegarder la vertu : « les sages » qui doivent rétablir, en toute vérité le cours de l’histoire de nos institutions et inscrire définitivement dans nos gènes, les augustes valeurs fondatrices de ce pays auquel nous serons tous fiers d’appartenir. Il leur revient de sonner l’heure du choix. Peu importe lequel des justes méritera nos suffrages. Son impérieuse mission sera la reconstruction de l’âme d’une NATION.
Pr Macoumba Gaye
Enseignant de cancérologie
UCAD