A la suite d’une réunion entre le président Mahamat Idriss Déby Itno et trois associations de victimes, les indemnisations ont commencé à être payés aux victimes de l’ancien Président Habré a-t-on appris de Reed Brody, membre de la commission des juristes qui travaille avec les victimes.
Les victimes vont recevoir une indemnisation de 10 milliards de francs CFA (soit 15,2 millions d’euros). A noter que les paiements ont commencé le 23 février. Ils seront versés aux 10 700 victimes, y compris les survivants des prisons et les familles de ceux qui ont été tués sous Habré ; chacune recevra 925 000 francs CFA (soit 1 410 euros). Cela représente moins de 10 % de ce que le tribunal sénégalais et un autre tribunal tchadien en 2015 avaient accordé aux victimes.
« Les victimes de Habré se sont battues sans relâche pendant 25 ans pour que leur dictateur et ses sbires soient traduits en justice. Cet argent ne représente qu’une petite fraction de ce qui leur a été accordé par les tribunaux, et beaucoup, beaucoup moins que ce à quoi elles ont droit en vertu du droit international », a déclairé Reed Brody, de la Commission Internationale de Juristes, qui travaille avec les victimes depuis 1999. « Mais pour de nombreuses victimes qui ont attendu si longtemps et qui sont dans une situation désespérée, ce paiement fera une énorme différence dans leurs vies ».
La cour d’appel des Chambres africaines extraordinaires à Dakar qui a confirmé la condamnation de Habré en avril 2017 a accordé 82 milliards de francs CFA (soit 125 millions d’euros) aux victimes de Habré – 20 millions de francs CFA (soit 30 500 euros) pour chaque victime de viol et d’esclavage sexuel, 15 millions de francs CFA (soit 22 900 euros) pour chaque victime de torture et de détention arbitraire et 10 millions de francs CFA (soit 15 265 euros) pour les familles des victimes tuées. Le tribunal a chargé un fonds fiduciaire de l’UA de mobiliser cet argent en recherchant les biens de Habré et en sollicitant des contributions. Bien que l’UA ait alloué 5 millions de dollars au fonds fiduciaire, l’UA et le Tchad ne sont jamais parvenus à un accord permettant au fonds de commencer son travail au Tchad.
Pour rappel, Habré, qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990, a été condamné à la prison à vie pour crimes contre l’humanité en 2016 par un tribunal sénégalais soutenu par l’Union africaine (UA) et y est décédé en août 2021.