Le 18 mars 2024, le Parlement gambien a initié un projet de loi visant à abroger la loi anti-mutilation génitale féminine/excision (MGF/E) qui protège et criminalise la pratique des mutilations génitales féminines dans le pays. Lors d’un premier vote, la plupart des députés, soit quarante-deux des présents, ont voté en faveur de l’abrogation de la loi de 2015 interdisant l’excision/mutilation génitale féminine. Suffisant pour que la coalition ‘’Joining Forces’’ de l’Afrique de l’Ouest et du Centre se fendent d’une déclaration. L’entité condamne avec la plus grande fermeté les pratiques néfastes telles que l’excision, qui est également reconnue internationalement comme une forme de maltraitance sexospécifique des enfants et constitue une atteinte majeure à l’autonomie corporelle des femmes et des filles. « En tant que coalition de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, nous sommes fermement convaincus que la Gambie gagnerait à respecter ses obligations internationales, en particulier le protocole de Maputo de l’Union africaine sur les droits de la femme, que le pays a ratifié en 2005.
Un pourcentage déjà excessif
En effet, selon l’UNICEF, 76% des femmes gambiennes âgées de 15 à 49 ans et 75% des femmes gambiennes âgées de 15 à 19 ans ont subi des mutilations génitales. L’abrogation de la loi interdisant ces pratiques néfastes pourrait entraîner une augmentation du nombre de victimes. Les mutilations génitales féminines constituent une violation brutale des droits de l’homme et de l’intégrité physique et morale des filles et des femmes, qui n’apporte aucun bénéfice pour la santé des filles et des femmes, mais seulement des dangers et des conséquences à long terme sur leur vie. « Cette décision potentielle de revenir sur l’interdiction entraînera des conséquences très graves pour les filles. Condamnée par la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), que la Gambie a ratifiée en 1993, cette pratique peut provoquer des hémorragies et des infections graves de l’appareil reproducteur, mettant en jeu le pronostic vital, et peut tragiquement coûter la vie à d’innombrables personnes » lit-on dans la déclaration. Il faut noter que « le taux de mortalité des nouveau-nés augmente considérablement lorsque leur mère a subi des formes graves de mutilations génitales féminines, ce qui constitue une tragédie multigénérationnelle ». Sur le plan psychologique, les petites filles peuvent souffrir de stress psychologique, de dépression et d’anxiété, entraînant des troubles du comportement liés à une perte de confiance dans leur entourage.
Un sérieux pas en arrière
Les membres de la Coalition « Joining Forces » de l’Afrique de l’Ouest et du Centre sont profondément préoccupés par l’action des parlementaires gambiens visant à abroger la loi qui, si elle est autorisée, constituera un sérieux pas en arrière et une grave violation des droits des filles et des femmes, non seulement en Gambie, mais aussi dans la sous-région. Cette abrogation menace non seulement le bien-être et les droits des filles gambiennes, mais risque de réduire à néant les efforts régionaux de lutte contre les MGF/E et tout autre problème concernant les filles, comme le mariage des enfants, qui enregistre un progrès collectif en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Appel à une solidarité internationale
Alors que le comité conjoint de la santé et du genre se réunit actuellement avec des acteurs clés de la Gambie sur le projet de loi ‘’d’amendement des femmes’’, la Coalition ’’Joining Forces’’ appelle d’urgence à l’arrêt du processus d’abrogation de la loi anti-MGF de 2015. Et d’exhorter tous les acteurs gambiens à se joindre à nous pour condamner cette démarche et à travailler ensemble pour garantir que la loi de 2015 reste en vigueur, protégeant les droits et la vie d’innombrables filles et femmes. La Coalition Forces Unies rappelle au gouvernement gambien et aux organisations sousrégionales/panafricaines telles que la CEDEAO et l’Union africaine qu’il est urgent de maintenir les progrès et l’engagement de l’État gambien en faveur des droits des filles et des femmes.
Sur le même volet, la Coalition Forces Unies lance un appel à tous les gouvernements de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre pour qu’ils se solidarisent contre l’abrogation, afin de protéger notre avenir collectif et les droits de chaque fille et de chaque femme. L’absence d’action contre ce projet de loi équivaudrait à un échec de la Gambie et de la communauté internationale à protéger les filles et les femmes dont dépend une grande partie de l’avenir de la planète. Plus que jamais, les filles et les femmes ont besoin de vivre sans subir de violences physiques et morales.