La dépression au Sénégal : Une réalité pour 1,5% des habitants

La dépression en hausse : les témoignages poignants de Ramatoulaye Diallo et Mamadou Gningue
Une lutte personnelle et quotidienne

Ramatoulaye Diallo, agent commercial dans une société locale, a vu sa vie basculer après un divorce survenu moins de deux ans après son mariage. Aujourd’hui mère d’un bébé de 8 mois, elle raconte son parcours difficile marqué par la dépression. « Petit à petit, je sentais l’envie de me détacher du monde. Même mon enfant, c’est ma mère qui s’en occupait. Au travail, je n’étais pas productive. Je suis spasmophile et faisais des crises d’angoisse souvent. Mon endroit favori était la mer, j’y passais le plus clair de mon temps », se souvient-elle.

Des journées sombres et des nuits blanches

Ramatoulaye décrit ses journées comme un véritable combat. « Se lever le matin était compliqué, affronter une journée était un combat de titan. On n’a plus la force d’avancer, mais on doit quand même le faire. » Les nuits étaient particulièrement difficiles, marquées par une solitude oppressante et une lutte constante pour trouver le sommeil. Finalement, elle a décidé de chercher de l’aide et a consulté un psychologue, ce qui l’a aidée à sortir de cette période sombre.

L’épuisement professionnel de Mamadou Gningue

Pour Mamadou Gningue, la dépression a été déclenchée par un environnement de travail toxique. Diplômé avec un Master, il travaillait comme gestionnaire de projet dans une grande entreprise. « Les délais étaient serrés et pourtant, je devais les respecter. La culture d’entreprise toxique et les attentes exagérées de mes supérieurs ont graduellement affecté ma santé mentale », révèle Mamadou. Il parle d’épuisement total, de fatigue constante et de difficultés de concentration. Après avoir perdu son emploi, il a finalement pris conscience de la nécessité de consulter un psychologue, ce qui l’a aidé à retrouver son équilibre.

Un problème de santé publique

La santé mentale est un problème croissant au Sénégal. Selon les statistiques de 2023, 1,5 % des Sénégalais présentent des symptômes dépressifs et plus de 9,4 % sont à risque de suicide. Dr Abou Sy, psychiatre au Centre hospitalier national universitaire de Fann, explique que la dépression est une maladie mentale fréquente, touchant 3,8 % de la population mondiale. Elle est 50 % plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Les symptômes incluent une tristesse profonde, un désintérêt pour les activités habituelles, une fatigue constante, des troubles de la mémoire et de la concentration, ainsi que des insomnies.

Soutien familial et compréhension

Le soutien familial est crucial pour les personnes dépressives. Dr Sy souligne que la dépression est souvent mal comprise et confondue avec de l’impolitesse. Grâce à une meilleure information, la situation commence à s’améliorer, notamment grâce au travail des marraines de quartier. Fama Diop, l’une d’elles, raconte comment elle a aidé un homme d’affaires dépressif à obtenir de l’aide médicale après que sa femme se soit plainte de son comportement violent et distant.

Conclusion

La dépression est une maladie sérieuse qui touche de nombreuses personnes au Sénégal, indépendamment de leur statut social ou professionnel. Il est essentiel de reconnaître les symptômes et de chercher de l’aide pour surmonter cette maladie. Le soutien familial et communautaire joue un rôle clé dans la gestion de la dépression et dans la récupération des personnes touchées.