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Premier capitaine du Sénégal à avoir soulevé le trophée de la CAN, Kalidou Koulibaly va disputer sa quatrième Can. Une nouvelle épopée que le patron de la défense prend très au sérieux. Entre cette volonté de réussir le back-to-back, cette mission de préparer le terrain aux jeunes mais aussi sa vision de cette équipe, le numéro 2 des Lions s’est dévoilé dans cet entretien exclusif réalisé en marge de l’Open presse des Lions à leur hôtel de Diamniadio.

Le 6 février 2022, vous êtes devenu le premier sénégalais à soulever le trophée tant convoité de la CAN. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Cela représente énormément de choses. Soulever le trophée de la Can en premier et le ramener en terre sénégalaise, ce sont des souvenirs inoubliables pour moi. C’est un des meilleurs souvenirs de ma vie. Je suis très fier de l’avoir fait avec mes frères sénégalais. C’était un objectif depuis le premier jour où j’ai intégré la Tanière. Je me souviens le soir de la finale après avoir conquis ce trophée, j’étais assis avec Sadio Mané, Gana Guèye et Cheikhou Kouyaté, on disait que maintenant qu’on a eu la première, on voudrait en avoir une deuxième. Ce moment est arrivé. On se dirige vers une nouvelle Coupe d’Afrique en tant que tenant du titre. On va essayer d’aller le plus loin possible et pourquoi ramener une deuxième fois ce trophée sur nos terres inchallah.

Vous disiez «croyez-en nous, on l’a fait». Ce discours était naturel. D’où est venu cette inspiration ?

Je ne sais pas. J’avais ça en moi. Je savais qu’on était capable de le faire. Je le sentais depuis quelques mois avant. Après, avec le soutien du peuple sénégalais ça a été plus facile. On a eu des moments très difficiles où les gens nous critiquaient beaucoup. Pour certains ça les a rongés, mais moi j’ai pris ça comme un défi, celui de prouver à tout le monde qu’on est capable de le faire. C’est pour ça que je demandais à tout le monde de croire en nous. Sans les prières du peuple sénégalais, de nos familles, de nos mamans ça aurait été difficile. Mais aujourd’hui je suis fier que tout le monde ait été derrière nous. On les a rendus fier. On a vu cela quand on est rentré au Sénégal. J’espère qu’ils seront encore derrière nous. Je sais que c’est difficile pour certains de voir le Sénégal dans des situations difficiles. Mais le football est très difficile. On ne peut pas tout calculer avant. Tout le monde voudrait bien qu’on gagne tous les matchs par des gros scores mais la réalité du football est qu’on doit le démontrer et essayer de gagner les matchs sur le terrain. Et dès fois 1-0 suffit. On va essayer de gagner 7 matchs à cette Coupe d’Afrique. Huit matchs à partir d’aujourd’hui parce qu’on a un match amical de préparation contre le Niger. Huit matchs qui vont nous permettre d’être champion d’Afrique et soulever encore ce trophée. C’est un objectif pour nous. Mais on va rester humble et tranquille parce que souvent les tenants du titre sont éliminés au premier tour. On va essayer de déjouer cette statistique. Pour gagner ce trophée il va falloir prendre étape par étape. Et la première c’est de sortir de ce groupe et nous qualifier pour les huitièmes de finale.

Vous avez pris part à tous les rendez-vous majeurs du Sénégal (Can & Coupe du monde). Vous vous apprêtez à disputer votre 4ème Can. Dans quel état d’esprit comptez-vous l’aborder ?

Depuis mon premier jour, j’ai toujours voulu porter très haut les couleurs du Sénégal dans le monde et sur le toit de l’Afrique. On l’a réussi. C’était un objectif pour moi mais aussi pour tous les Sénégalais. Aujourd’hui je suis à l’aube de ma 4ème Can. On sait que l’âge se fait sentir (rires) et il y a des jeunes joueurs qui sont en train d’arriver. On est plus dans une gestion où on doit mettre en place les jeunes joueurs. Certains vont jouer leur première Can, il faut les prévenir du danger de cette Can, à quoi ils doivent s’attendre parce que la Can est une compétition à part. Elle est une compétition très relevée avec des équipes très fortes. C’est pour ça qu’on doit tout faire pour être prêt. Moi je veux bien préparer les jeunes joueurs qui sont là pour la première fois. On l’a fait en 2022 et ça nous a réussi. On a réussi à gagner la coupe grâce à ces jeunes joueurs. Aujourd’hui ce sont ces jeunes joueurs qui vont nous permettre d’aller le plus loin possible et pourquoi pas gagner ce trophée. C’est pourquoi on doit avoir cette mixité entre les jeunes et les joueurs d’expérience qui peut nous permettre d’aller le plus loin possible et être parer à faire face à toute adversité. Je prépare bien cette Can aussi bien mentalement que physiquement. Là on est dans un aspect où on doit être préparé plus physiquement et mentalement. Physiquement à l’entrainement et mentalement en ayant des discussions avec tous les joueurs. Parce que c’est comme ça qu’on prépare cette Can et qu’on soit prêt pour notre premier match contre la Gambie le 15 janvier inchallah.

Les jeunes témoignent de votre disponibilité et votre générosité à les aider et à les intégrer en équipe nationale. Nous allons à cette Can avec de beaucoup de jeunes joueurs. Est-ce que vous avez ce discours pour faire comprendre à ces jeunes qu’ils doivent commencer à reprendre le flambeau ?

On le sait bien depuis longtemps. Ces jeunes joueurs toquent à la porte de l’équipe nationale. Ils méritent d’être dans ce groupe pour la Coupe d’Afrique. On sait qu’ils ont envie de jouer. Quand je suis arrivé j’ai pris mon temps avant d’avoir cette place de titulaire. Mais comme je leur ait dit, ils doivent se sentir comme des titulaires c’est-à-dire qu’à tout moment on est capable d’être dans le onze de départ. Ils ont des qualités pour y jouer. Comme le dit le coach, l’équipe nationale n’appartient à personne. Elle appartient aux Sénégalais et surtout aux joueurs qui sont prêts à mouiller le maillot à 200% pour ce peuple sénégalais qui le mérite. C’est 17 millions de Sénégalais qui sont ici au pays et ceux qui sont à l’étranger, c’est pour eux qu’on joue. Ces jeunes joueurs méritent d’être là et ce sont eux qui nous feront rêver dans les années à venir. On les accompagne dans ça. On sait que le coach fait les bons choix. Il aime beaucoup intégrer les jeunes joueurs, ça fait plaisir. Il faut continuer comme ça et que ces jeunes joueurs qui sont intégrés petit-à-petit puissent prendre notre place très rapidement. Il y a d’autres échéances qui vont venir après cette Can. Aujourd’hui on est sur la Can et ces jeunes seront prêts pour cette compétition.

« Je remercie Kara qui m’a vraiment intégré dans cette Tanière »

En 2017 c’était Kara Mbodj, 2019 Cheikhou Kouyaté ou Salif Sané, 2022 avec Abdou Diallo, 2024 avec éventuellement Moussa Niakhaté, comment jugez-vous votre duo avec ce dernier ?

C’est vrai que j’ai eu beaucoup de duos. J’ai eu la chance de jouer avec de très grands défenseurs sénégalais. Je remercie déjà Kara. Il m’a vraiment intégré dans cette Tanière. Je jouais avec lui à Genk en Belgique. Sans son intégration je ne serai pas là. Je tenais à le remercier. Je remercie aussi tous les joueurs avec qui j’ai joué (Salif Sané, Lamine Sané, Cheikhou Kouyaté…). Ils m’ont permis d’être ce joueur que je suis devenu. C’est grâce à eux que je suis aujourd’hui le capitaine de cette équipe nationale. Actuellement c’est avec Moussa Niakhaté mais il y a aussi Abdou Diallo, Abdoulaye Seck et le petit Abdoulaye Niakhaté Ndiaye qui est très bon aussi. J’essaie juste de me mettre à la disposition du groupe, donner 100% de moi-même et ce plus qui va nous permettre de gagner. Le plus important aujourd’hui c’est que le Sénégal ait une défense solide. Je pense que c’est ce qui nous a fait défaut lors de la dernière Coupe du Monde. On n’a pas été solide comme on devait l’être l’année dernière. C’est ce qui nous a fait tergiversé sur certains matchs. Mais depuis quelques matchs on a retrouvé notre solidité, un Édouard Mendy à 100% mais aussi Seny et Mory qui sont très compétitifs. On a retrouvé tous nos joueurs et ça fait plaisir. On voit que la solidité est revenue dans notre équipe et c’est très important pour nous. Il faut qu’on se concentre sur ça parce que si on est solide derrière, on sait que devant on a des magiciens avec Sadio, Ismaïla Sarr, Iliman, Jackson, Habib, etc. qui sont capables de marquer à tout moment. Même nos milieux en sont capables. Lamine Camara, Pape Matar Sarr, Gana Guèye l’ont démontré. On sera prêt pour ça. J’espère que défensivement on sera prêt pour donner de la tranquillité à nos attaquants pour qu’ils puissent marquer des buts et gagner ce trophée.

Faire deux finales c’est difficile mais le Sénégal l’a réussi. Gagner deux Can de suite l’est encore plus avec seulement le Cameroun et l’Egypte qui ont réussi à conserver leur trophée. Si le Sénégal le réussit ce serait quelque chose d’exceptionnelle. Pensez-vous que vous êtes capable de réussir le back-to-back ?

Si nous pensions que nous ne serons pas capables de le faire, nous ne serions pas là aujourd’hui. Nous ne sommes pas là pour perdre notre temps ou pour rêver, nous sommes là parce que nous avons des objectifs. C’est vrai qu’on rêve de soulever ce deuxième trophée. C’est quelque chose de très difficile après avoir fait deux finales d’affilée. En faire une troisième je pense pas qu’il y ait beaucoup de Nations qui l’ont réussi. Mais on va prendre match après match. On sait qu’on a de la qualité et qu’on est capable de le faire mais il ne va pas falloir manquer d’humilité. C’est cette humilité qui nous a permis d’être là où on est aujourd’hui. On va respecter toutes les équipes qu’on aura en face de nous. On va bien préparer nos matchs, bien étudier nos adversaires pour pouvoir être prêt et performant. Après, tout le monde rêve de ce sacre encore au Sénégal. Mettre le Sénégal sur le toit de l’Afrique est quelque chose de très plaisant. Ça me ferait plaisir de savoir que le Sénégal est la meilleure Nation d’Afrique. Je vais tout faire pour que cela se réalise encore une fois. Et inchallah on le fera avec les prières de tout le peuple sénégalais.

Par Lamine Mandiang DIEDHIOU & Saikou SEYDI

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